Région : Franche-Comté
Département : Doubs (25)
Canton : Montbéliard Ouest
Altitude : 370 m
Superficie : 380 ha dont 170 ha de forêt
Population : 180 habitants
Habitants : « Les Limôsins» (gros mangeurs)
Le village
St Julien Lès Montbéliard est une petite commune située à 8kms à l’ouest de Montbéliard à 67 km au nord-est de Besançon. Elle se trouve au cœur de la Communauté de Communes de la Vallée du Rupt. Les habitants, au nombre de 180, sont très attachés à l’histoire et au patrimoine architectural de leur village. La population travaille essentiellement dans l’aire urbaine de Montbéliard. Il reste trois agriculteurs dans le village.
St Julien demeure un vieux village typique du Pays de Montbéliard. Installé autour d’un quadrilatère de rues, il a préservé ses maisons rurales anciennes. Parmi les belles constructions citons La Fontaine-Lavoir à colonnes (XVIIIème), l’ancienne perception (1624), l’ancien presbytère (1675), le temple (1744), le bâtiment communal (1879). L’ensemble du village est inscrit sur l’inventaire des sites classés du Département du Doubs.
La qualité architecturale et la proximité des Etangs des Princes confèrent à St Julien un fort pouvoir attractif auprès des randonneurs, cyclistes, vététistes et cavaliers. De nombreux sentiers de randonnées traversent le village et notamment le sentier des Ducs qui sillonne les villages de la Communauté de Communes de la Vallée du Rupt. On peut pratiquer la pêche aux étangs.
Le fleurissement du village, essentiellement réalisés par des bénévoles, témoigne de la volonté des habitants de préserver un cadre de vie harmonieux et de respecter le patrimoine local.
Histoire de Saint-Julien-Lès-Montbéliard
Saint-Julien paraît être un village très ancien, un établissement rural dont l’oratoire était dédié à un saint Julien qu’il est quasi impossible de déterminer. On a supposé qu’il avait été fondé par des moines relevant de l’abbaye de Luxeuil. . Un échange intervenu entre l’abbaye de Belchamp et le chapitre de Montbéliard en 1150 donne parmi les témoins un certain : « magister Odolo de Sancto Juliano». C’est véritablement la première apparition connue et sûre du nom du village, tous les témoins sont de la région. Toute l’histoire médiévale de Saint Julien demeure très obscure. On sait que le village a toujours fait partie du comté de Montbéliard dès le XIe siècle, qu’un Huguenin Quarré, écuyer, y avait un fief en 1374 et qu’en 1378 le même « Huguenin diz Quaire » est dit « filz Jehan diz Quaire » tenant un fief au village. Cette date donne aussi la vieille forme du nom du village : Sainct Gellin, forme conservée par le patois jusqu’au XIXe siècle.
On sait que le village fut partagé entre plusieurs seigneurs vassaux du comte de Montbéliard, que l’archevêque de Besançon y a possédé des dîmes, mais est-ce le « bon » Saint-Gelin ? et qu’un fief a appartenu à la Maison de Franquemont au XVe siècle après avoir dépendu de celle de Beveuge. C’est ainsi que le 2 avril 1429, Henri d’Accolans, seigneur de Beveuge, vendit à Henri de Franquemont une partie de fief et des terres situées à Raynans, Présentevillers et Saint-Julien. On a, en outre, en 1448, un dénombrement des terres franches relevant des Franquemont et des Grammont. Il est également sûr que le 18 mai 1431 les paysans du village, mainmortables jusque-là, furent englobés dans l’affranchissement général des paysans du comté de Montbéliard accordé par la comtesse Henriette. La « bonne comtesse » que les souvenirs populaires ont transformé avec les siècles en « Tante Airie », cette bonne fée, sur un âne, visitait, le 24 décembre (dans la nuit), les « tués » des fermes pour distribuer aux enfants sages les récompenses de Noël (une orange, un jouet) ou des verges pour punir les enfants désobéissants… Elle sera remplacée… au XXe siècle, par le Père Noël !…
Saint-Julien dut subir, comme Raynans, le contrecoup des guerres de Bourgogne, lors de la bataille du 13 novembre 1474 qui se déroula près de l’étang de Raynans, non loin du moulin. Au XVIe siècle, Saint Julien fut relativement épargné par le raid dévastateur des Guise ; A côté de la ruine de Raynans, on ne dénombra que 3 maisons incendiées, mais aussi le vol de 30 chevaux, 12 boeufs, 6 vaches et 12 porcs. Les pertes furent estimées à 3602 florins, pratiquement le tiers de celles de Raynans et de Présentevillers.
Avec la guerre de Trente Ans, arriva la peste qui décima le village et la contrée. Les exactions françaises après 1674, jusqu’en 1697, contrarièrent la restauration du village qui ne put se faire que pendant la période de paix du XVIIIe siècle. Saint-Julien devint français en 1793 par l’annexion de la principauté de Montbéliard et, comme tous les villages du comté de Montbéliard, eut le privilège, de 1793 à 1816, de changer quatre fois de département et deux fois de canton après la disparition de l’éphémère canton de Désandans en 1802.
Le cadastre fut établi sous l’Empire en 1812 comme la plupart de ceux des communes de la vallée du Rupt (1805 à 1815). Le village fut marqué, en 1870-1871, par l’arrivée depuis Arcey, de l’Armée de l’Est de Bourbaki se dirigeant vers Héricourt et Montbéliard, puis, après l’échec de la Lizaine, les 17-18 janvier 1871, par la retraite terrible en plein hiver des soldats de la République dénués de tout. Pendant la guerre de 1914-1918, comme Raynans et Issans, Saint-Julien hébergea en partie la population alsacienne du village évacué de Pfetterhouse (68), conquis lors de l’attaque du Sundgau en 1914.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, Saint-Julien fut libéré le 16 novembre 1944, lors de la contre-attaque de la 2e D.I.M. de la Ire Armée française. L’action fut conduite par le C.C.4 de la 5e D.B. avec les 4e et 8e R.T.M. en évitant l’axe de la R.N. 83 tenu par l’ennemi. La manoeuvre de contournement passa par Echenans, Saint-Julien, Raynans, Laire et libéra Héricourt le 17 novembre 1944.
Histoire religieuse
Avant la Réforme, Saint-Julien formait une petite paroisse avec église et curé résident. En 1490, des comptes de cires et de dîmes étaient payés au chapitre Saint-Maimboeuf de Montbéliard. Un an après, on apprend que le curé de Saint-Gelin, un certain Guillaume Duvernoy, avait « amodié » son église paroissiale à « Messire Guillaume Denis » !
La Réforme fut introduite en 1540-1541, un pasteur vint résider dans le village. La paroisse comprenait une filiale : Sainte-Marie et 4 annexes avec Echenans, Raynans, Issans et Allondans. Mais Allondans en fut détaché au XIXe siècle pour devenir paroisse de 1847 à 1939. Allondans est de nouveau une annexe de la paroisse de la vallée du Rupt. La paroisse de Saint-Julien était une des plus grandes paroisses rurales du Pays. Elle était considérée au XVIIIe siècle comme la meilleure de la principauté. En principe, le meilleur ministre de la campagne y exerçait son pastorat. Plus de 30 pasteurs se sont succédé à Saint-Julien de 1541 à 1945. Le premier, Noël Etienne, de Troyes en Champagne, fut congédié par l’intérim de 1549 et devint simple catéchiste jusqu’en 1552. Plusieurs de ses successeurs, Renaud Hugonius en 1563, François Maurice en 1567, Wattelet Jean en 1577 furent renvoyés comme zwingliens et calvinistes, au moment de l’établissement de l’Eglise luthérienne par le prince. Deux pasteurs moururent de la peste à leur poste en 1635 et 1636: Pierre Wurpillot et Michel Delaunay. Si bien que leur successeur Hector Mégnin, dut desservir de 1636 à 1643 également la paroisse de Désandans privée de ministre. Un Pierre Rayot de Saint-Julien fut ministre dans son village de 1672 à 1683. La pierre tombale du pasteur Pierre Morel (1707-1724) forme le seuil du temple. Trois pasteurs se succédèrent durant le XVIIIe siècle. Jules Frédéric Morel (1725-1734), Isaac Flamand (1734-1746) et Pierre Abraham Bernard (1746-1781). Les inventaires après-décès des deux derniers montrent qu’ils étaient des ministres cultivés (belles bibliothèques). Au XIXe siècle, se suivirent les pasteurs Goguel Ch. F. (1781-1812) puis Surleau père et fils (1812-1844-1893). Au pasteur Sigrist (1893-1901) succéda le pasteur-historien Charles Mathiot jusqu’en 1913. La paroisse fut vacante de 1913 à 1917. Les pasteurs Huguenin et Canepeel y officièrent de 1917 à 1945.
Le presbytère fut détruit par les Guise en 1588 ; Relevé il fut à nouveau incendié et anéanti pendant la
guerre de Trente Ans. Le prince Georges II le fit reconstruire dans l’année 1674, il porte la date de 1675 et fut occupé par le pasteur Pierre Rayot pour la première fois. Il fut la résidence pastorale, jusqu’aux années 1950. Il a été vendu à un particulier qui a pris le soin de restaurer cette superbe maison dont la grange avait été transformée en 1908 en salle de réunion et en lieu de culte hivernal pour la paroisse.
Le temple de Saint-Julien se trouve sur la colline du Mont, hors du village, isolé, entouré du cimetière paroissial qui fut utilisé par chaque village jusqu’à l’ouverture de leur propre cimetière communal au XIXe siècle. Là est toujours le cimetière de Saint-Julien.
De la vieille église du Moyen Age, il ne reste rien. Le sanctuaire actuel fut édifié en 1744. De gros travaux y furent faits en 1848, avec édification d’un clocher en grès rose. Une grosse cloche y fut alors installée qui porte une inscription : « Puisse mon son, en pénétrant toute la paroisse, appeler les fidèles dans la maison de l’Eternel ». De nouvelles réparations au temple furent faites en 1902. Sous la direction de l’association « Les Amis des Temples » un programme important de restauration a été réalisé au cours des dernières années.
Toponymie
Sanctus Julianus (1150), Sainct Gellin (1378-1489), Sainct Gelin (1554), Sainct Gelien (1566), Sainct Gelin (1588), Sainct Julien (1649-1681). Le changement de Saint Gelin en Saint Julien date précisément de 1650 (Registre paroissial). Saint Julien-lès-Montbéliard (XXe siècle, pour éviter la confusion avec Saint-Julien-lès-Russey).
Patois : Sin Gelin, Sin Djelin.
Surnoms : « Lai Limôsins » : synonyme de grands mangeurs, de gloutons… « Lai Bretchets » : ou vieux couteaux dont la lame branle dans le manche.